Les compétences clés dans la démarche ECLER
En inscrivant la communication au cœur de la
démarche d’apprentissage des compétences linguistiques ECLER (Ecrire, Communiquer, Lire, Exprimer, Réfléchir)
se situe d’emblée dans le champ des deux premières compétences clés énoncées et
fait depuis plus de vingt ans la preuve de son efficacité dans ce domaine. Dans
les Ateliers ECLER on écrit d’abord pour communiquer aux autres un message
ancré dans la vie, la culture, les préoccupations, les intérêts de celui qui le produit. Ces textes qui
servent de base à l’apprentissage de chacun, sont collectés et publiés dans le classeur collectif où chacun peut les découvrir, y trouver
des idées, des réflexions et prendre conscience de l’infinie diversité des
auteurs.
Mais la communication n’est pas le seul aspect
par lequel la démarche ECLER s’inscrit dans la cadre conceptuel des compétences
clés. « L’esprit d’initiative et
d’entreprise », 6° compétence identifiée, est immédiatement sollicité puisqu’à ECLER nous ne pouvons travailler qu’à partir d’une
production écrite de l’apprenant. C’est lui qui a l’initiative, c’est lui qui
crée la matière à partir de laquelle vont se programmer ses apprentissages
linguistiques ajustés à ses besoins particuliers. La charte de l’écriture à
ECLER donne un cadre à cette production.
La charte de l’écriture à
ECLER
Du côté de l’apprenant :
J’écris ce que je veux, je
l’assume par ma signature et je le date.
J’écris les mots comme je les
vois dans ma tête, comme je les imagine, sans peur de me tromper.
J’écris pour communiquer, pour
transmettre un message aux autres : j’accepte que ce que j’écris soit
publié dans le classeur collectif de l’atelier, en même temps que sur mon
propre cahier. Je m’engage dans mes écrits à respecter les autres, à ne pas
proférer d’insultes à l’encontre de quelqu’un ou d’un groupe particulier…
J’accepte que ces écrits
sortent de l’Atelier pour être montrés ou lus dans des manifestations
publiques.
Exceptionnellement je peux
refuser qu’un écrit produit puisse être publié, mais je me rappelle que la
règle est celle de la publication : c’est parce que je mets mes écrits en
circulation que je suis autorisé à lire ceux des autres.
Du côté du formateur :
A partir du moment où
l’apprenant produit un écrit et me l’apporte je m’engage à travailler avec lui
sur la forme (orthographe, grammaire, organisation de la phrase) pour que son
texte devienne recevable dans une langue française standard.
J’accuse réception du message
en tant que personne : je peux me réjouir d’une bonne nouvelle, compatir à
une mauvaise. Je peux prendre connaissance d’une opinion et prendre position
par rapport à elle. Je peux dire à une personne que son texte me touche ou que
je le trouve beau…
Au-delà de cet accusé de
réception nous travaillons ensemble sur ce qui constitue le cœur de notre
contrat : la mise en forme du texte et sa correction par rapport à la
norme.
Si un texte est jugé par le
formateur insultant pour une personne ou une catégorie de personnes,
irrespectueux, irrecevable pour les opinions qu’il exprime, il peut décider de
ne pas le publier dans le classeur collectif, contre l’avis même de son auteur
si nécessaire. Rappelons-nous cependant qu’un texte qui peut être estimé
provocateur, voire choquant par son contenu peut donner lieu à un débat
salutaire entre les apprenants, voire nourrir la production d’écrits en
alimentant le débat par textes interposés.
Document
ECLER
« Apprendre
à apprendre », 5° compétence identifiée par
l’OCDE est au cœur de la dynamique ECLER : la démarche offre un cadre
sécurisant à l’intérieur duquel chaque apprenant évolue de manière très
autonome en organisant lui-même son temps et ses activités en fonction d’une
programmation établie avec le formateur. Ce dernier met ses pas dans les pas du
premier et lui propose une progression ajustée à ses besoins : c’est
ensuite lui qui est responsable de la mettre en œuvre dans une séquence de
tâches variées qui l’amènent à intégrer les règles du fonctionnement de la
langue pour se les approprier. Au terme de la formation ils emportent avec eux
cette démarche qu’ils peuvent être capables de reproduire en dehors du contexte
de la formation.
« La
compétence numérique », 4° compétence de l’OCDE
est depuis l’origine intégrée à la démarche dans la mesure où l’informatique a
tout de suite trouvé sa place à ECLER comme un outil de travail quotidien.
D’abord sous la forme du traitement de texte qui permet à partir du premier jet
retravaillé avec le formateur de produire un texte « normalisé »,
sans erreur, publiable dans le classeur collectif.
Par ailleurs l’informatique a mis à notre
disposition des logiciels d’apprentissage adaptés à l’esprit de notre démarche
et qui sont largement utilisés.
Par cette utilisation quotidienne les
apprenants se familiarisent avec l’ordinateur qui devient un outil
« apprivoisé », qui ne fait plus peur et peuvent, au-delà, partir à
la découverte d’autres potentialités de ces machines : messagerie,
internet…
« La
sensibilité et l’expression culturelles » 8°
compétence clé, sont tout à fait présentes à ECLER dans la mesure où les textes
produits reflètent l’identité de leurs auteurs. Nous avions intitulés le
recueil des textes constitué à l’occasion des 10 ans d’ECLER en 1998 « Brins d’écrits, couleurs de vies »,
tant il est vrai que ces écrits sont riches de spontanéité, d’images,
d’émotions qui font de chacun une création originale à travers laquelle se
découvre la personnalité et la culture personnelle de celui ou de celle qui les
produit.
Par ailleurs ces écrits personnels sont un
pont, une passerelle qui conduit vers l’écriture des autres : occasion de
s’intéresser aux livres, revues, journaux, aux auteurs et d’organiser des
sessions de travail en bibliothèque avec les professionnels du livre…
Enfin les
« compétences sociales et civiques » 7° compétence identifiée, ne
sont pas oubliées. Démarche individualisée mais enrichie par le groupe qui est
le premier lieu de socialisation des écrits. A travers les textes s’instaure un
courant d’échanges très riches qui favorise des discussions et des débats, partie
intégrante de la démarche. Les apports du groupe nourrissent et stimulent le
travail de chacun.
Par ses productions originales chacun découvre
sa propre singularité sous le regard des autres, prend confiance en lui et
prend du « pouvoir » sur sa vie et son environnement. Les changements
de « posture personnelle » que l’on peut observer chez les
apprenants ne sont pas le moindre des effets produits par la dynamique de
l’écriture personnelle.
Noël Ferrand
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